L’abstraction sensuelle de Lila Bettin
Rien de moins abstrait que la peinture de Lila, qui entretient pourtant une
certaine distance avec la figuration , avec la représentation exacte d’un éventuel « sujet »
et avec cette réalité « optique » qu’elle préfère « disloquer et réécrire », dit-elle. En
ajoutant que son art est une expression de « ce rapport charnel entre la toile et la
transe cérébrale » …« où les pinceaux tracent des formes, qui dansent au propre comme au
figuré, sur des fondus enchaînés, embrumés… peuplés de mes doutes, de mes avancées, de
mes déceptions, de mes sens en ébullition ».
La peinture de Lila s ‘apparente donc à une immersion sensible dans l’intérieur
tout à la fois de soi et du monde alentour, entre l’ombre et la lumière, entre doutes et
certitudes, entre le ciel et la terre.
Paysages et natures mortes, sont entrevus, suggérés, effleurés, comme surgis de la
peinture même, d’une empoignade avec la matérialité, et non comme fruit de
l’imagination de l’artiste. Ils ne sont ni illustratifs, ni narratifs, ni localisables.
Ils sont seulement et pour notre plus grand bonheur, de l’ordre de la douce et apaisante
évidence, du plaisir sensible et de la poésie … Une disposition naturelle que Lila
possède aussi dans son rapport intime avec les mots.
Pierre Souchaud,
Ecrivain d’art, essayiste et peintre